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Journalisme d’investigation en Afrique: collaborer au-delà des frontières [2/3]
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L’université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, a accueilli fin octobre la conférence annuelle sur le journalisme d’investigation en Afrique. Du fait de la complexité des réseaux mondiaux et de la diminution des ressources des rédactions, le travail d’investigation se fait de plus en plus en équipe, avec des collaborations qui voient le jour sur le continent.
De notre correspondante de Johannesburg,
Pour comprendre les crimes transnationaux et leur complexité, difficile de travailler tout seul de son côté. Mariama Thiam, journaliste sénégalaise, en est témoin : « L’expérience que j’ai eue, c'est une collaboration transnationale concernant le trafic de bois de rose au Sénégal, en Gambie, en Chine et en Suisse. Cela permet d’effectuer un travail plus complet et de pouvoir suivre le dossier au-delà de son pays, explique la journaliste. Si je devais faire ce travail en Gambie, ce serait plus compliqué pour moi parce que je n’ai pas forcément les bons contacts. Et quand on parle de contacts, c'est aussi la confiance qui est établie entre le journaliste et la source et justement, la collaboration permet d'arriver à tout ça. »
La plus grosse enquête à laquelle Emmanuel Dogbevi a participé est aussi un projet de collaboration : en 2018, treize professionnels de différents pays du continent ont eu accès aux bases de données du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). En s’associant avec la Cenozo (la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest), ils ont dévoilé différents cas de malversations et de blanchiment d’argent dans la région, connus sous le nom de « West Africa leaks ». Pour Emmanuel Dogbevi, la portée du projet n’aurait pas été la même s’il avait simplement travaillé sur son pays, le Ghana. « Quand on travaille ensemble et qu’on publie une enquête commune, sur le même thème, mais avec des angles et des sujets différents, cela aura potentiellement plus de poids. Et notre voix porte mieux, car on est nombreux. »
À lire aussiLes «Luanda Leaks» ou la mise à nu de l’écosystème dos Santos-Dokolo
Manque de moyens
Mais très souvent, les projets de collaboration viennent des pays occidentaux, qui possèdent plus de ressources en termes de données, d’expertise et surtout d’argent. Maxime Domegni en charge de la zone francophone du continent pour le GIJN, le Réseau international des journalistes d’investigation : « Vu que les ressources sont limitées dans la région, il se trouve qu’en général, pour les grands projets collaboratifs qui existent, les ressources viennent des médias des pays du Nord. Mais, encore une fois, il y a quelques projets qui ont abouti. Parfois, ce ne sont pas forcément des enquêtes à gros moyens, il peut y avoir des "petites enquêtes" traitées en collaboration avec d’autres journalistes, précise Maxime Domegni. C’est vrai que l’on n’a pas encore atteint le niveau souhaité en matière de collaboration, mais les choses progressent sur le terrain. »
Travailler en groupe offre aussi plus de protection, avec des journalistes qui se retrouvent moins isolés face aux menaces et aux tentatives pour les faire taire sur le continent.
À lire aussiJournalisme d'investigation en Afrique: le rôle de l'IA en question [1/3]
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L’université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, a accueilli fin octobre la conférence annuelle sur le journalisme d’investigation en Afrique. Du fait de la complexité des réseaux mondiaux et de la diminution des ressources des rédactions, le travail d’investigation se fait de plus en plus en équipe, avec des collaborations qui voient le jour sur le continent.
De notre correspondante de Johannesburg,
Pour comprendre les crimes transnationaux et leur complexité, difficile de travailler tout seul de son côté. Mariama Thiam, journaliste sénégalaise, en est témoin : « L’expérience que j’ai eue, c'est une collaboration transnationale concernant le trafic de bois de rose au Sénégal, en Gambie, en Chine et en Suisse. Cela permet d’effectuer un travail plus complet et de pouvoir suivre le dossier au-delà de son pays, explique la journaliste. Si je devais faire ce travail en Gambie, ce serait plus compliqué pour moi parce que je n’ai pas forcément les bons contacts. Et quand on parle de contacts, c'est aussi la confiance qui est établie entre le journaliste et la source et justement, la collaboration permet d'arriver à tout ça. »
La plus grosse enquête à laquelle Emmanuel Dogbevi a participé est aussi un projet de collaboration : en 2018, treize professionnels de différents pays du continent ont eu accès aux bases de données du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). En s’associant avec la Cenozo (la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest), ils ont dévoilé différents cas de malversations et de blanchiment d’argent dans la région, connus sous le nom de « West Africa leaks ». Pour Emmanuel Dogbevi, la portée du projet n’aurait pas été la même s’il avait simplement travaillé sur son pays, le Ghana. « Quand on travaille ensemble et qu’on publie une enquête commune, sur le même thème, mais avec des angles et des sujets différents, cela aura potentiellement plus de poids. Et notre voix porte mieux, car on est nombreux. »
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Manque de moyens
Mais très souvent, les projets de collaboration viennent des pays occidentaux, qui possèdent plus de ressources en termes de données, d’expertise et surtout d’argent. Maxime Domegni en charge de la zone francophone du continent pour le GIJN, le Réseau international des journalistes d’investigation : « Vu que les ressources sont limitées dans la région, il se trouve qu’en général, pour les grands projets collaboratifs qui existent, les ressources viennent des médias des pays du Nord. Mais, encore une fois, il y a quelques projets qui ont abouti. Parfois, ce ne sont pas forcément des enquêtes à gros moyens, il peut y avoir des "petites enquêtes" traitées en collaboration avec d’autres journalistes, précise Maxime Domegni. C’est vrai que l’on n’a pas encore atteint le niveau souhaité en matière de collaboration, mais les choses progressent sur le terrain. »
Travailler en groupe offre aussi plus de protection, avec des journalistes qui se retrouvent moins isolés face aux menaces et aux tentatives pour les faire taire sur le continent.
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