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Le plasticien kényan Evans Mbugua fait œuvre de réparation
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Le plasticien kényan Evans Mbugua expose actuellement à Paris, à la galerie ART-Z. Célèbre pour ses peintures sur plexiglas, il a révolutionné sa technique en adoptant notamment celle du vitrage. Une façon symbolique de briser et de réparer les histoires de ses personnages ainsi que celle de son pays. Evans Mbugua est l'invité d'Olivier Rogez.
RFI : Bonjour Evans Mbugua, vous exposez vos œuvres jusqu’en janvier prochain à la galerie ART-Z d'Olivier Sultan à Paris. On vous connaît pour vos peintures sur plexiglas. Aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est que vous avez brisé ces plexiglas pour les reconstituer. Est-ce que vous voulez en faire des vitraux ?
Evans Mbugua : Oui, en fait, je travaille avec ce support, le plexiglas, depuis le début dans cet objectif d’atteindre un jour le stade du vitrail. En fait, à un moment, l’un de mes tableaux s’est cassé, littéralement cassé en deux.
C’est donc un hasard alors ?
Alors, c'était à la fois un hasard, mais cela faisait un moment déjà que je me demandais si je n’allais pas, un jour, couper mes tableaux. Mais je n'osais pas, j'avais peur et je me disais « quel sacrilège ! Ce n’est pas possible ! ». Et là, hop, il y a un tableau qui se casse. Or, je venais de rentrer d’un séjour en Espagne où j’avais pu voir de près un panneau de vitrail qui était en réparation. Et j'avais remarqué qu’en fait, il y avait plusieurs techniques dessus. Il y avait le plomb, comme on le voit sur l’armature des vitraux, il y avait aussi du fil de fer qui venait renforcer et tenir des morceaux ensemble, etc. Et de retour dans mon atelier à Paris, je me suis mis à utiliser du fil de fer pour réparer et pour assembler les différents morceaux des tableaux que j'avais coupés. Et finalement, je me retrouve à la fois avec ma propre technique de vitrail, et je me retrouve aussi à revisiter le Kintsugi qui est l’ancienne technique japonaise de réparation des pots cassés. Et j'ai vraiment aimé toutes ces influences du monde, des cultures, des traditions qui se sont retrouvées dans mon atelier et sur lesquelles je m'en suis appuyé pour composer les tableaux que je présente ici aujourd'hui.
Symboliquement et visuellement, on a le sentiment que vous réparez des personnages puisque les personnes que vous avez peintes sont brisées et reconstituées. Est-ce qu’il s’agit symboliquement de réparer. Vous voulez quoi ? Symboliquement, réparer les blessures de ces gens que vous avez peints ?
Je suis en quête d'une certaine réparation personnelle qui est liée à une histoire assez récente que j'ai découvert dans ma famille, qui est aussi liée à l'histoire de mon pays du Kenya, qui est liée au colonialisme et à tout le mal que l'être humain a pu faire dans le passé. Je pense que l’on est amené aujourd'hui à devoir revenir sur le passé. Au lieu de cacher certaines informations, au lieu de vouloir nier certaines histoires, je pense que nous avons le devoir collectivement de revoir l'histoire et de l'assumer, parce qu’elle fait partie de notre ADN. Ce que je veux dire, c'est que je me suis rendu compte qu'il y avait certaines choses qui se sont passées dans les années 1950, 1960, 1970, dans l’histoire de mon pays dont on ne parle pas, dont on ne veut pas parler. Et moi, je veux qu'on puisse en parler, que l’on puisse se réparer psychologiquement les uns et les autres. Parce que, plus on avance et plus les générations futures vont nous poser des questions sur les raisons pour lesquelles nous avons caché des choses. Pourquoi n’avons-nous pas assumé des choses ? Et c’est ce travail de reconstruction de nos identités que je nous invite à faire aujourd’hui.
► Vous pouvez regarder le travail du Kényan, Evans Mbugua sur son site personnel : www.evansmbugua.com
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RFI : Bonjour Evans Mbugua, vous exposez vos œuvres jusqu’en janvier prochain à la galerie ART-Z d'Olivier Sultan à Paris. On vous connaît pour vos peintures sur plexiglas. Aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est que vous avez brisé ces plexiglas pour les reconstituer. Est-ce que vous voulez en faire des vitraux ?
Evans Mbugua : Oui, en fait, je travaille avec ce support, le plexiglas, depuis le début dans cet objectif d’atteindre un jour le stade du vitrail. En fait, à un moment, l’un de mes tableaux s’est cassé, littéralement cassé en deux.
C’est donc un hasard alors ?
Alors, c'était à la fois un hasard, mais cela faisait un moment déjà que je me demandais si je n’allais pas, un jour, couper mes tableaux. Mais je n'osais pas, j'avais peur et je me disais « quel sacrilège ! Ce n’est pas possible ! ». Et là, hop, il y a un tableau qui se casse. Or, je venais de rentrer d’un séjour en Espagne où j’avais pu voir de près un panneau de vitrail qui était en réparation. Et j'avais remarqué qu’en fait, il y avait plusieurs techniques dessus. Il y avait le plomb, comme on le voit sur l’armature des vitraux, il y avait aussi du fil de fer qui venait renforcer et tenir des morceaux ensemble, etc. Et de retour dans mon atelier à Paris, je me suis mis à utiliser du fil de fer pour réparer et pour assembler les différents morceaux des tableaux que j'avais coupés. Et finalement, je me retrouve à la fois avec ma propre technique de vitrail, et je me retrouve aussi à revisiter le Kintsugi qui est l’ancienne technique japonaise de réparation des pots cassés. Et j'ai vraiment aimé toutes ces influences du monde, des cultures, des traditions qui se sont retrouvées dans mon atelier et sur lesquelles je m'en suis appuyé pour composer les tableaux que je présente ici aujourd'hui.
Symboliquement et visuellement, on a le sentiment que vous réparez des personnages puisque les personnes que vous avez peintes sont brisées et reconstituées. Est-ce qu’il s’agit symboliquement de réparer. Vous voulez quoi ? Symboliquement, réparer les blessures de ces gens que vous avez peints ?
Je suis en quête d'une certaine réparation personnelle qui est liée à une histoire assez récente que j'ai découvert dans ma famille, qui est aussi liée à l'histoire de mon pays du Kenya, qui est liée au colonialisme et à tout le mal que l'être humain a pu faire dans le passé. Je pense que l’on est amené aujourd'hui à devoir revenir sur le passé. Au lieu de cacher certaines informations, au lieu de vouloir nier certaines histoires, je pense que nous avons le devoir collectivement de revoir l'histoire et de l'assumer, parce qu’elle fait partie de notre ADN. Ce que je veux dire, c'est que je me suis rendu compte qu'il y avait certaines choses qui se sont passées dans les années 1950, 1960, 1970, dans l’histoire de mon pays dont on ne parle pas, dont on ne veut pas parler. Et moi, je veux qu'on puisse en parler, que l’on puisse se réparer psychologiquement les uns et les autres. Parce que, plus on avance et plus les générations futures vont nous poser des questions sur les raisons pour lesquelles nous avons caché des choses. Pourquoi n’avons-nous pas assumé des choses ? Et c’est ce travail de reconstruction de nos identités que je nous invite à faire aujourd’hui.
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