États-Unis: en difficulté face à Trump, CNN et le «Washington Post» entre revirements et frilosité
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Les médias américains CNN ou le Washington Post, considérés par Donald Trump comme des opposants, connaissent des difficultés et semblent hésiter sur la stratégie adopter ces quatre prochaines années, entre revirements et dos rond.
Les médias américains dits « mainstream » (« de masse ») savent qu'ils appartiennent à la catégorie des « ennemis du peuple » tant décriée par Donald Trump, et qu'ils sont donc une cible possible du courroux de ses partisans. Jeudi 23 janvier, CNN a annoncé le licenciement de 6% de ses effectifs, dont une centaine de journalistes, pour réinvestir le terrain du numérique payant. Mark Thompson, le patron de CNN, en a profité pour faire part de ses nouvelles exigences : ne plus montrer de signes d'indignation lors de l'investiture, éviter l'éditorialisation et de ne plus revenir sur le passé pénal du président réélu, après sa condamnation pour avoir acheté le silence d'une actrice pornographique, entre autres.
Un revirement pour une chaîne qui avait, en 2022, été attaquée par Trump. Le président américain lui réclamait alors 475 millions de dollars pour diffamation, car la chaîne qualifiait de « mensonge » l'idée que la victoire lui avait été volée en 2020. Le juge a rejeté cette plainte. Mais cela n'a pas empêché Trump de parler de CNN comme de la chaîne des « fake news » ou de la menacer de lui retirer, à elle comme ABC et CBS, sa licence de diffusion. ABC qui a d'ailleurs accepté de payer 15 millions de dollars pour que Trump renonce à un procès après des propos erronés d'un présentateur.
Un revirement motivé par les succès d'audience de la chaîne rivale Fox News
La décision de Mark Thompson de CNN a aussi été motivée par le plébiscite de sa rivale Fox News, qui accumule près des trois quarts de l'audience des chaînes d'info aux États-Unis. CNN doit contrer la chaîne ultra-conservatrice, qui a le vent en poupe grâce ses interviews de Trump ou ses infos sur son administration. Mais aussi MSNBC, qui revendique la place de l'opinion anti-Trump, au grand dam de son actionnaire, qui cherche à la vendre. Entre les deux, CNN a perdu 35% de son audience en prime time depuis l'élection, même si cette chute est aussi due à une fatigue post-électorale.
Un positionnement frileux au Washington Post
Le prestigieux quotidien américain, historiquement engagé en faveur des démocrates, joue la prudence, pour ne pas dire de la frilosité. Son propriétaire, Jeff Bezos, a refusé que le quotidien s'engage en faveur de Kamala Harris. Un dessin le représentant en train de tendre un sac d'argent à une statue de Trump a été censuré du journal, et son autrice a démissionné. Le milliardaire était présent le jour de l'investiture et il a fait un don d'un million de dollars pour cette cérémonie. Jeff Bezos n'entend donc pas perdre un contrat à dix milliards de dollars sur le cloud de la Défense, comme en 2019. Les scoops et les éditoriaux sur Trump du Washington Post et du New York Times ont dopé les ventes pendant le premier mandat de Trump. Comme si la presse avait compris que la révolution populiste menée Donald Trump n'était pas une parenthèse, mais une tendance de fond.
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