La Corée du Sud crée un ministère pour contrer la chute de la natalité
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La Corée du Sud vient de devenir une « société très âgée » : 20 % de ses habitants est âgé de 65 ans et plus. La population vieillit et diminue. Pour la maintenir, il faudrait un taux de 2,1 enfants par femme. Mais la quatrième économie d'Asie comptait 0,7 naissance par femme à la fin 2023. Soit un des taux de natalité les plus faibles au monde.
De notre correspondante à Séoul,
Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ce taux de natalité très faible. La Corée du Sud reste une société profondément patriarcale. Les normes de genre jouent un rôle essentiel. Par exemple, quatre Sud-Coréennes sur dix quittent leur travail après avoir donné naissance, et restent à la maison pour prendre soin de l’enfant.
Revenir sur le marché du travail après un congé maternité est un véritable parcours de combattante. Dès les débuts de leurs parcours professionnels, les Sud-Coréennes font face à de la discrimination à l’embauche, à propos de leur désir ou leur non-désir d’être mère.
La moitié des Sud-Coréens de moins de 50 ans ne comptent pas avoir d’enfants
Par ailleurs, la parentalité en Corée du Sud est encore largement associée au mariage. Les naissances hors union ne représentent que 5 % des naissances en 2023. Ce taux en France atteint plus de 60 %. Même si la société est en train d’évoluer sur le sujet, avoir un enfant hors union reste très mal vu. Or, les cérémonies coûtent très cher. Les Français estiment le budget moyen d’un mariage à 7 500 euros environ. En Corée du Sud, les frais s’élèvent à plus de 36 000 euros en moyenne, sans compter l’achat d’un logement pour les mariés, un investissement pourtant presque systématique.
D’autres facteurs rendent les Sud-Coréens réticents à avoir des enfants, comme le coût de la vie, entre autres. Les prix de l’immobilier atteignent des sommets. Cela rend l’accès à un logement difficile pour les jeunes couples. L’éducation en Corée du Sud est également extrêmement coûteuse. Près de 80 % des élèves suivent des cours privés, en plus de l’école, dès la maternelle pour certains. Ces frais peuvent représenter, pour les ménages les plus modestes, autant que le budget mensuel consacré à l’alimentation.
Face à cette pression financière, un sondage de 2023 révèle que la moitié des Sud-Coréens de moins de 50 ans ne comptent pas avoir d’enfants, principalement à cause de ces coûts élevés.
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Un ministère de la Planification
Le gouvernement a annoncé faire de la natalité une priorité nationale. Pour faire face au vieillissement de sa population, le gouvernement a créé un ministère dédié : le ministère de la Planification. L'équivalent de milliards d'euros sont investis pour encourager les naissances. Par exemple, il existe des aides pour la congélation des ovocytes, mais elles ne permettent pas d’obtenir de résultat satisfaisant. Les entreprises sont aussi incitées à favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Les villes se sont également saisies de la question. La mairie de Séoul par exemple, met une vingtaine de lieux gratuitement à disposition de jeunes fiancés pour leur mariage. De son côté, l’OCDE préconise surtout de réduire les inégalités de genre, et de modifier le système de congés parentaux pour soutenir les parents qui travaillent.
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