Crise politique en Corée du Sud: l'opposition appelle à la destitution du président Yoon Suk-yeol
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La Corée du Sud s'est réveillée en état de choc après une nuit surréaliste. Tard dans la soirée hier, le président Yoon Suk-yeol a déclaré la loi martiale. Une onde de choc qui a réveillé des souvenirs de la dictature militaire et poussé des milliers de manifestants à se rendre devant les grilles de l'Assemblée nationale. Malgré la présence policière et des forces spéciales, les députés sont rentrés dans l'hémicycle pour voter la levée de la loi martiale, approuvée ensuite par le chef de l'État qui a fini par revenir en arrière six heures après avoir déclaré la loi martiale. Ils ont ensuite déposé une motion de destitution.
Après l'incompréhension de la nuit c'est la colère qui domine. Tous les journaux, même les conservateurs, partisan du président Yoon Suk-yeol, parlent de « suicide politique » ou de tentative « monstrueuse ». L'opposition démocrate a donné 48 heures au chef de l'État pour démissionner. Nombreux de ses conseillers ont déjà annoncé avoir quitté leur poste ce matin. La pression est immense sur Yoon Suk-yeol, alors que le principal syndicat du pays, avec plus d'un million d'adhérents, a lancé une grève illimitée. Elle ne doit s'arrêter qu'après sa démission.
Et que se passe-t-il, s’il refuse de céder à la pression populaire ?
La décision du président de déclarer la loi martiale n'aurait pas été prise dans le respect de la loi.
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À cela s'ajoute le choc de voir près de 300 soldats, dont des forces spéciales, briser les vitres du Parlement pour empêcher les députés de se réunir. Des images qui apparaissent surréalistes. Le Parti démocrate assure aussi que des équipes de police ont été déployées dans la nuit pour tenter d'arrêter, sans succès, les principaux responsables de l'opposition.
Des méthodes qui rappellent la période de la dictature militaire, terminée dans les années 1980.
Un vote pour destitution a de grandes chances de passer. Hier, 190 députés ont voté en urgence pour la fin de la loi martiale. Et pour voter la destitution, il en faut 201. Au regard du mécontentement populaire, il semble improbable que de nombreux élus soient prêts à défendre le président. Si le texte est voté, un jugement est prévu devant la cour constitutionnelle. Une procédure qui avait scellé le sort de la dernière présidente du camp conservateur, Park Geun-hye en 2016.
Alors comment peut-on expliquer cette tentative ratée, qui ressemble à une forme de suicide politique ?
C'est difficile. Et même les journalistes politiques coréens avec lesquels j'échange sont tous encore incrédules. Le président Yoon était dans une impasse politique, dans une situation de « lame duck », ou « canard boiteux ». C'est à dire sans avenir politique. Il a passé tout son mandat à être impopulaire et en minorité au Parlement. Au moment sensible du vote du budget, il a tenté de passer en force, utilisant la loi martiale pour la première fois depuis le coup d'État militaire de 1979.
Pour justifier sa décision, le président avait parlé de « protéger le pays » de la « menace des forces communistes nord-coréennes ». Que vient faire la Corée du Nord là-dedans ?
C'est une vieille rhétorique de la dictature. Pour essayer de museler toute forme d'opposition, le pouvoir accuse les syndicalistes, les militants contestataires, les étudiants d'être à la solde du grand ennemi : la Corée du Nord. Mais si cela fonctionnait sous la dictature militaire, les Sud-Coréens ont montré que ce n'était plus le cas. En six heures, ils ont forcé Yoon Suk-yeol à abandonner la loi martiale.
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